Logements, hôtellerie, kots étudiants, restauration de bâtiments classés : le bureau forestois a plus d’une corde à son arc. Son terrain de jeu favori ? La ville dans toute sa complexité.

Publié le 21/03/2016 à 13:26

Créé il y a une trentaine d’années par Serge Roose, le bureau d’architecture Roose Partners est aujourd’hui dirigé par trois associés : le fondateur, sa fille Stéphanie et Gilles Duchenne. Ces deux derniers sont tous deux âgés de 36 ans et se sont connus sur les bancs de l’institut Victor Horta à Bruxelles.

Leur matière de prédilection ? Les contextes urbains un peu compliqués. « Ça, on adore !, s’exclame Stéphanie Roose sous le regard approbateur du père. On aime chercher à savoir comment on va s’approprier un site et voir quelle nouvelle histoire on va pouvoir lui donner… »

Installé depuis un an à Forest dans une ancienne maison unifamiliale sur trois niveaux intégrée à un ensemble où ont été ajoutés aujourd’hui un immeuble basse énergie, cinq maisons et sept appartements passifs, le bureau dessine essentiellement des logements. Mais il touche également à l’hôtellerie, au luxe, aux maisons étudiants et a déjà dessiné notamment un centre sportif, un magasin et même une bibliothèque. « Nous réalisons aussi des rénovations de façades et des projets de restauration sur des bâtiments classés puisque nous rénovons actuellement le château de Dieleghem à Jette, enchaîne Gilles Duchenne. Sans oublier quelques activités à l’étranger comme la construction d’hôtels en Algérie ou de la banque nationale au Burundi. Nous venons d’ailleurs de gagner un concours pour la construction de cinq lycées en terre cuite. »

L’Algérie est restée le dada de Serge puisqu’il y créa son premier bureau d’architecture il y a 30 ans. Parti en Afrique du Nord pour éviter le service militaire, il y resta deux ans et y dessina des écoles, des entrepôts ainsi que des logements. « Mais il y avait tout de même toute une série de contraintes locales qui ont fini par me ramener en Belgique, souligne-t-il avec une pointe de regret. L’Algérie ne me manque pas mais j’aime y retourner très fréquemment car c’est un pays magnifique peuplé de gens magnifiques. »

Les concours, et contrairement à beaucoup d’autres architectes, les patrons de Roose Partners en raffolent. C’est d’ailleurs grâce à leur apparition en Belgique au début des années 2000 que le bureau a amorcé son développement. « Cinquante pour cent des marchés publics sont réalisés via des concours, insiste à ce sujet Stéphanie. On en fait entre 10 et 15 par an, même si ça coûte beaucoup d’argent et si ça demande une énergie folle sans aucune garantie de succès. »

Car de leur propre aveu, un concours comporte un grand avantage : le respect du maître d’ouvrage envers l’architecte puisqu’il a été primé. « Mais même en cas d’échec, un concours est toujours une excellente chose car il oblige à travailler en équipe et à se remettre en question, souligne Gilles. Notre travail d’architecte repose sur la compréhension d’un maître d’ouvrage envers notre démarche. On interroge les gens, on leur pose des questions et on leur propose des réponses. Il doit toujours y avoir un dialogue constructif entre les deux parties, sans préjugés. »

Le bon architecte doit également s’adapter aux modifications qui rythment notre vie de tous les jours. On n’évolue plus aujourd’hui comme on le faisait il y a vingt ou trente ans. Qui savait ce qu’était le passif il y a dix ans ? « Ce mode constructif a amené une profonde réflexion au bureau, exposent Gilles et Stéphanie. Mais aujourd’hui, il faut aller plus loin que le passif car une chose est de réduire, voire supprimer, nos consommations quotidiennes, encore faut-il intégrer à la réflexion beaucoup d’autres éléments comme la gestion des déchets, la manière dont nous allons vivre dans le futur, le transport des matériaux, leur recyclage ou encore la reconversion d’un bâtiment. Demain, nous serons obligés de revoir leur fonction car la ville évoluera. »

Il ne fait aucun doute que le passif a évolué très vite. Trop vite sans doute, au point de semer parfois des inquiétudes. « Notre rôle d’architecte consiste aussi à remettre en question des règlements parfois incohérents, précise Gilles Duchenne. La notion de performance énergétique des bâtiments (PEB) n’a été introduite qu’il y a dix ans. On manque de recul pour l’apprécier entièrement. Le bâtiment évolue mais il faut que la population évolue avec lui. Avoir chez soi des équipements qui permettent d’avoir une maison passive ne sert à rien si on n’effectue pas les entretiens essentiels qui vont avec. »

Chez Roose Partners, la notion de durable est au centre de toutes les réflexions. Mais le bureau ne se contente pas d’aligner les briques, il s’occupe également de l’aménagement intérieur. « Nous disposons d’une “matériothèque” au bureau qui nous permet de penser un projet jusque dans ses moindres détails, conclut Stéphanie. Carlo Scarpa est un architecte qui nous inspire beaucoup. Dans nos contrées, l’architecture reste un artisanat. On travaille pour l’être humain avec l’être humain… »

Le Soir

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